Lorsque l’on procède à un tel changement de paradigme, il vaut mieux être préparé et prévoir en amont tous les écueils potentiels. L’un d’entre eux fut la gestion du temps.
Les nouveaux modes de travail qui valorisent la gestion du temps et la semaine de 4 jours entrent en confrontation directe avec la culture du présentéisme où la présence physique prolongée est fréquemment valorisée, parfois au détriment de la productivité réelle.
La transition vers la semaine de 4 jours implique bien plus qu’une simple réduction du temps de travail : elle impose une revalorisation profonde de nos priorités et de notre efficacité professionnelle.
Être accompagnés pour se préparer & comprendre que le travail s’étend au temps
J’ai choisi de ne pas aborder ces changements seule ; d’une part car il faut mettre un cadre dans cette expérimentation et je manquais de temps pour le faire, d’autre part parce que c’est novateur et donc cela comporte une certaine prise de risque. Être accompagnée m’a permis d’être rassurée dans ma démarche.
En continuant mes recherches, j’ai trouvé une formation parfaite pour nous aider à revoir notre manière de nous organiser et surtout pour valoriser notre temps. Florent Bouër, dirigeant de Ideal Formation , expert et auteur spécialiste de la gestion du temps, nous a accompagnés pour nous donner une méthodologie afin de découper différemment nos activités, notre temps et de comprendre comment nous fonctionnons et à quel rythme.
Notre vécu d’agence nous a aidé à comprendre que le temps n’était pas un ennemi. Exemple : si nous avons trois semaines pour réaliser une tâche, nous prendrons trois semaines, alors qu’en fait elle ne nécessitait peut-être que deux semaines de réalisation. En agence, nous le vivons tous les jours. Un prospect vous sollicite pour un appel d’offres et vous donne deux semaines avant le rendu. Instinctivement, nous allons essayer d’obtenir une semaine de plus (pour nous rassurer). Mais si l’on compare deux recommandations faites respectivement en 2 et 3 semaines, il n’y aura aucune différence de qualité ; c’est l’énergie, la créativité et la priorisation qu’on y met qui feront la différence.
Cela s’appelle la Loi de Parkinson « plus on a de temps pour réaliser une tâche, plus on prend du temps », parce que le travail s’étend au temps.

Partant de ce principe, il fallait trouver une organisation différente et poser des objectifs et des priorités clairs.
Planifier pour améliorer notre rendement collectif
Un futur où l’on travaille 4 jours nécessite plus de planification proactive : priorisation des réunions, utilisation optimale des outils collaboratifs, anticipation des interruptions, construction de marges de manœuvre entre deux temps forts. La formation nous a confirmé l’intérêt de clarifier les attendus à chaque rencontre et de limiter les sollicitations.
Parmi les outils fournis, la méthode SMART nous a permis de fixer des objectifs précis, mesurables et motivants, en tenant compte de nos contraintes réelles. Concrètement, un objectif bien défini engage l’action individuelle et collective, garantissant que chaque heure investie crée de la valeur et du sens.
Nous avons appris à distinguer les activités « haut rendement » (qui ont un impact à long terme et structurent l’organisation) des tâches « bas rendement » (souvent gratifiantes à court terme mais peu structurantes). Automatiser les processus, regrouper les petites tâches et se concentrer sur les projets à forte valeur ajoutée font désormais partie de notre culture interne.
De nouveaux repères de performance
L’organisation sur une semaine de 4 jours bouscule les anciens modèles ; il ne s’agit plus de « donner l’impression » de travailler mais de se concentrer sur la réalisation d’objectifs précis et collaboratifs, avec des temps de repos et de réflexion respectés. Les managers doivent encourager des priorités claires plutôt qu’une démonstration de présence.
Alors que certaines agences traditionnelles perpétuent l’idée que travailler tard ou être constamment disponible est un signe d’engagement, la démarche de la semaine de 4 jours repose sur l’autonomie, la confiance et la responsabilisation individuelle. D’ailleurs les entreprises qui expérimentent ce modèle constatent qu’il permet d’améliorer le bien-être, d’augmenter la créativité, tout en conservant (voire en augmentant) le niveau d’activité, de chiffre d’affaires et d’attirer des talents.
Il est donc important de revoir nos indicateurs de performance et de s’ouvrir à un management moderne centré sur le résultat et le bien-être des équipes.
L’expérimentation de la semaine de 4 jours porte une nouvelle vision du travail, plus flexible, responsable et épanouissante. Grâce à la gestion du temps, chaque collaborateur peut trouver sa place, se responsabiliser, prendre conscience de son rythme (et de ses atouts), et œuvrer dans un cadre sécurisé propice à la performance durable. C’est une transformation qui nécessite confiance et enthousiasme : notre réussite dépendra de la capacité à valoriser chaque moment et à favoriser l’accomplissement collectif.
Par Shirley Curtat-Cadet, directrice & fondatrice de l’agence Com’ des Enfants.